7 août 2018
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CR du mercredi 13 juin 2018 :
« Le Plo du Laurier » ou « Le Plo des cerises » ! à Lunas.
- 16,5 km / 14,5 km
- 600 m / 350 m de dénivelée.
(Deux niveaux qui séparèrent le groupe une heure durant !)
Les randos menées dans les mêmes endroits ne se ressemblent pas ! Les marcheurs d’aujourd’hui sont novices sur ce type de terrain, les humeurs diffèrent et explosent parfois, certains caractères ne peuvent taire leur impatience, le vent, l’ensoleillement, les fleurs et plantes, tout change !
« Le bureau des pleurs et doléances est fermé » dira justement Dominique à Marie qui peste contre les cailloux et contre les oublis de ses bâtons et genouillère.
Le départ s’effectue au cœur de la ville de Lunas traversée par la rivière le Gravezon étonnamment calme et basse après toutes ces pluies !
L’église Saint-Pancrace demeure fermée le matin mais au retour, une animation fiévreuse autour de l’Office de Tourisme nous permet d’entrer après l’office : le chœur plutôt baroque s’alourdit de colonnettes torsadées représentant angelots et feuilles de vignes.
L’ancien château à tourelles de Lunas a été métamorphosé en restaurant tandis que sur l’autre versant de la montagne dans un étrange bric à brac coloré, s’étage le village occitan de Camarière conçu par Henri Galtier : mélange de cabanes, outils et santons grandeur nature.
Les restes de la petite chapelle Saint-Georges, d’art pré-roman, de l’époque wisigothe du V e siècle, sont cachés sous des feuillages envahissants ; ne subsiste plus que le chœur bientôt ruiné à son tour tandis que le toit et les murs alentours s’effondrent.
La rivière Nize disparaît sous terre avalée par des cailloux et cavités calcaires puis reparaît plus haut, mêlant ses borborygmes aux pépiements des oiseaux.
Nous traversons le ruisseau et empruntons le pré où pâturent des chevaux. Didier tente de déplacer la croupe du plus grand qui bloque le passage mais il s’obstine dans l’immobilité puis daigne avancer d’un pas pour renifler l’appât ! Vite nous nous faufilons derrière lui, enjambons la barrière, craignant une brusque ruade !
L’ascension longue mais régulière devient buissonnière, vagabonde, à travers champs et bois. L’atmosphère est saturée des effluves de feuilles sèches, de crottins d’ânes ou de chevaux, de moisissures et de champignons. « Ce ne sont que de faux cèpes ! » L’après-midi un vent agité balaiera l’humidité du matin, secouant violemment les branches et genêts, emplissant l’air d’un bruissement sonore !
Un immense champ de colza aux innombrables fleurs jaune vif inonde de soleil l’ensemble du plateau ; le Caroux au loin présente sa puissante échine, mais dès la troisième éolienne, c’est l’heure de la séparation ! Après distribution de gâteries sucrées, agitation de mouchoirs, le premier groupe entame sa délicate descente escarpée, raide et encombrée de gros cailloux. Le deuxième groupe prend à droite une piste plus souple qui mène à la grande croix de ralliement.
L’arrivée sur Dio s’effectue par la Chapelle Saint-Etienne et son curieux cimetière tandis qu’en face, de l’autre côté du ravin, s’élève une majestueuse place-forte médiévale du XI ème, privée, dont on peut louer les grandes salles.
Françoise s’offusque qu’on puisse saisir au passage quelques cerises bien rouges, en plein cœur du village, trouve ce geste déplacé, mais une femme la rassure :
- « Mangez-les, personne ne les ramasse ! »
Et si l’on revenait en voiture, au retour ? Annie suggère que ce serait peut être une autre histoire si l’on nous voyait débarquer panier au poing !
Je réitère le propos tenu par Eliane un dimanche :
- « Vous apercevez la Croix, en haut de la montagne ? C’est là qu’il faut grimper avant le dîner ! »
Le sentier se montre très cabré. La terre est souple et grasse sous le soulier, le caillou s’avère glissant et le sentier tortueux, étroit. En haut, des taches de couleur entrevues à travers les branchages prouvent que le deuxième groupe est déjà présent, au pied de la croix latine.
Après l’effort, ce furent les retrouvailles ; bonheur pour les uns d’avoir choisi la difficulté, farniente pour les autres qui apprécient le bon soleil, couchés dans l’herbe !
Certains s’attendent au terme de tout effort pour l’après-midi !... Nenni, après le calme du plateau, la douce piste à travers les feuillus et résineux de l’autre côté des éoliennes, une marque ronde et verte sur un tronc d’arbre nous enjoint de tourner brusquement à gauche dans une jungle de plantes gavées de pluie !
-« C’est là ? » demande Rémi éberlué.
Le sentier invisible devient de plus en plus étroit, se dandine au travers d’une garrigue épaisse, se tend en flèche vers le bas du ravin, repart à droite, bifurque encore, traverse le ruisseau à sec puis remonte le vallon, dégringole encore, se trace une voie difficile au milieu des buis et arbrisseaux, et débouche enfin par un pierrier sur une vigne que l’on a aperçue de très loin !
Les mines semblent déconfites, quelques jambes et genoux tirent, beaucoup se demandent si nous sommes encore loin d’un répit... Il faut boire ! Mais comment les deux guides peuvent-elles s’y reconnaître dans ce chaos végétal !
- « Vous êtes sûres de votre coup ! Ne vous trompez pas ! Quelle abondante végétation ! On ne va pas remonter n’est-ce pas ? »
Mais non, c’est le bon chemin et les surprises variées s’accumulent : maison de chasseurs, cueillette de cerises à profusion sur le bord du chemin, (« voilà ce qu’on aime, manger les cerises à même le cerisier » clament Marie et Marie-Paule ), sentiers de vigne, pistes forestières, chemins noirs de charbon au pied du crassier, forçage de genêts et de ronces mais aussi petits rus dans lesquels on patauge, traces du passage à peine visibles, repères retrouvés : ici une baignoire, là une échelle de bois dans un arbre, ailleurs un petit cairn encore debout...
« Quelle belle rando ! » entend-on...
Les herbes folles des près se couchent sous le vent puis se redressent, ondulent, dansent et changent de couleur, passant du vert tendre au jaune délavé, puis au vert plus sombre... Les rangées de vigne chantent sous le soleil des genêts d’Espagne abondamment fleuris !
Soudain c’est la catastrophe ! La pente est telle que beaucoup hésitent : comment descendre là sans tomber ?
« Cul à terre ! C’est le seul moyen ! Soit vous vous agrippez aux lentisques, mais ça pique aussi, il y a du fragon ! Soit vous descendez sur les fesses mains au sol en faisant des petits sauts ! »
Maryse est tout sourire ! Elle aurait même voulu une photo ! Son bon caractère lui fait tout accepter et elle nous remercie de nos conseils ! Rémi demeure tout près d’elle, toujours aussi attentionné et prévenant !
Allez, tout le monde est passé et chacun retiendra qu’il s’est parfois retrouvé au sol aujourd’hui, ou surpris en train de glisser, de chuter ! La suite du parcours sera limpide à l’ombre d’arbres rugissant sous la force du vent.
Le retour sur Lunas a permis d’entrevoir au loin la vierge, croisée le matin sur son piédestal, visage angélique, pied nu écrasant un serpent à la gueule ouverte ; elle veille sur le village et pardonne beaucoup...
denise 🍒🍒🍒🍒🍒