18 septembre 2017
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"L'arboretum de Cazebonne".
Massif de l'Aigoual. Parc National des Cévennes. Gard.
11 km
600 m de dénivelée.
Les retrouvailles matutinales nous poussent dans les bras des uns et des autres... C'est notre première sortie sur la journée, coupe-vent sur le dos et victuailles dans la musette !
Arrivés dans le département du Gard, au pied du Saint-Guiral, nous traversons le charmant village d'Alzon pourvu d'une grande église blanche et nous nous garons un peu plus loin sur un parking improvisé en bord de route.
Aussitôt sur la gauche démarre un étroit sentier qui se cabre sur le flanc de la montagne ; la trace se faufile entre de vieux châtaigniers dont les feuilles jaunes jonchent le sol ; il monte, monte et certains en ont le souffle coupé ; la reprise est dure et la rando d'emblée se profile sans concession !
Certes il y aura de belles descentes vers des ruisseaux, pas toujours très alimentés, des passages près de cascades asséchées d'où ne dégringole qu'un menu filet d'eau...
Eliane a choisi une randonnée assez courte pour une reprise mais superbe dans le panel de sentes et chemins variés qu'elle nous propose !
De l'étroit sentier où la file indienne est de rigueur, au tracé dans les herbes blondes folles sous le vent ; de la montée sur les lauzes schisteuses, à la déambulation sur des mousses couleur émeraude, toute la promenade est une ode à la beauté sauvage d'un parcours peu emprunté si ce n'est par les vaches dont les bouses encore odorantes maculent le sol.
Au loin on aperçoit les pointes agitées des mélèzes épouser l'orbe de la montagne.
Georges chantonne et Eliane en conteuse avertie nous remémore le contexte de "La princesse au petit pois" dont la peau du dos excessivement sensible, douce et fine était réceptive au point de déceler un petit pois caché sous son matelas !!!
Puis nous arrivons dans l'arboretum de Cazebonne, l'un des dix arboretums conçus pour reboiser le Massif de l'Aigoual, mis à mal au XIXème par les abattages d'arbres et les pâturages intensifs.
Créé en 1903 par les ingénieurs forestiers Charles Flahaut et Georges Fabre, l'arboretum servit de tests à l'acclimatation de spécimens exotiques dans cet endroit de l'Aigoual aux conditions idoines :
- altitude basse ( 760 m )
- climat tempéré
- sol schisteux et granitique
- vallon à faible déclivité.
Aujourd'hui,
- 25 essences de résineux :
Araucaria, Calocedrus, Larix, Pinus, Douglas, Épicéa, Séquoïadendron....
- 13 espèces de feuillus :
Tulipier de Virginie ( aux larges feuilles et fleurs semblables au Magnolia ), Châtaignier, Chêne, Érable, Frêne, Noyer..... ont investi les 3,4 ha de l'Arboretum !
Certains atteignent des dimensions considérables : de 1,60 m à 3,34 m de circonférence et 42 m de hauteur !!!
Le plus remarquable est sans doute le conifère Araucaria du Chili, assez tortueux, aux branches recouvertes d'écailles pointues et coupantes lui conférant un aspect reptilien, appelé familièrement " désespoir des singes" qui ne peuvent s'y agripper.
C'est un arbre très élégant au tronc bien droit dont l'écorce rappelle la peau de l'éléphant.
Un autre individu a attiré notre attention : le frêle et délicat Ginko biloba originaire du Japon. Ses feuilles dentelées finement sur l'avant semblent de petites jupes de soie sauvage. Sept, huit Ginko plantés ensemble pour se prêter assistance par leurs racines emmêlées en cas de besoin...
Quel émoi devant les gigantesques Séquoïadendron dont le houppier s'élève bien au-dessus de la canopée ! Tronc énorme de deux à trois mètres de circonférence, écorce épaisse, molle et boursouflée, dépourvue de sève et de ce fait très résistante aux feux de forêts !
Mais aujourd'hui le reboisement avec le sapin pectiné ( c'est-à-dire sapin blanc ou commun ) est devenu l'objectif prioritaire de " l'Office National des Forêts " qui gère le site. Il est le mieux adapté au froid parfois vif et à l'humus humide tandis que d'autres types de sapins s'acclimateront plus facilement sur des terrains plus pauvres et plus secs.
Tous les arbres ceinturés de blanc ont fait l'objet d'un suivi scientifique.
Cependant, un certain laisser-aller dans l'entretien de ces forêts nous semble bien préjudiciable et l'on apprend qu'une partie de ce massif n'est plus domaine de l'Etat mais a été revendue à un privé !!!
Le repas nous plaque, à l'abri du vent , dans les herbes sèches d'une lande, devant un panorama magnifique ! La topette de Georges ne sera pas oubliée mais la déguster à l'intérieur d'un abricot rose entrouvert restera un clin d'œil inoubliable !
Il nous restait à grimper la montagne devant nous, dont on apercevait le chemin découvert qui courait le long de la crête. Un vrai serpentin qui montait, descendait et remontait jusqu'au sommet avec vue imprenable à 360 degrés.
On aurait dit le Mont Finiels en Lozère avec son tapis de bruyère naine et ses genêts tout aussi rapetissés...
Un vent d'une violence inouïe nous cueillit dès l'abord de la crête ; il soufflait avec force sur notre côté, nous déportait, entravait nos bâtons entre nos jambes ! Chacun titubait, n'entendait plus l'autre et luttait pour avancer ! En bas dans les profondeurs du ravin se nichaient les villages rendus minuscules d' Arre et de Bez-et-Esparon. Au loin, s'étirant tel un molosse fatigué, la longue montagne du Linguas...
Des âmes charitables se dévouèrent et coupèrent au sécateur les ronciers envahissants du retour ; nous descendions vite, pressés d'échapper à la rage du vent, et trouver un répit...
denise 🌲🌳🌾